Nombreux sont les témoignages qui nous sont envoyés sur les destructions et amputations faites au bocage en Bretagne et dans les régions voisines, un grignotage permanent sur les lambeaux de bocage restant.

Ici une haie encore détruite, là une petite parcelle enherbée partant à l’agrandissement, là-bas encore une zone humide-qu’on avait « oublié » d’inventorié- drainée ou recouverte de remblais et gravats, à cet endroit une zone naturelle détruite pour produire du maïs aggravant la détérioration de la qualité de l’eau (photo ci dessus, la Mézière-sur-Couesnon),…

Ces témoignages, que nous apportent des hommes et des femmes attachés à leurs bocages et se demandant à quoi ressemblera le paysage dans quelques années, révèlent un désarroi des populations en zones rurales de plus en plus manifeste face à toutes ces destructions.

Désarroi face aux interactions quelquefois violentes ou menaçantes avec les auteurs de ces destructions.

Désarroi face aux municipalités parfois complices, souvent fuyantes sur ces dossiers qu’elles jugent épineux ou qu’elles relèguent à de simple problème de voisinage. Le maire est pourtant garant de l’application de la loi sur son territoire.

Désarroi face à l’incapacité des services de l’état à faire appliquer la loi et faire cesser ces destructions (existence de failles juridiques dans la PAC non corrigé, peu de moyen donné aux services,..)

Pour rendre compte de ces témoignages, deux exemples significatifs viennent attester des funestes destructions du bocage que l’on peut constater presque partout:

La première a eu lieu sur la commune de Dourdain et la seconde sur celle de la Mézière-sur-Couesnon. L’association l’Arbre Indispensable a suivit ces dossiers après déplacement sur site et constatation des dégâts.

Pour la commune de Dourdain l’article,ci-dessous, paru dans Ouest-france (du 23/24 janvier 2021) relate bien les faits:

Près de Rennes, l’abattage des 70 arbres à Dourdain fait réagir

Depuis que 70 chênes centenaires ont été abattus à La Chaperonnais, dans la commune de
Dourdain, entre Rennes et Livré-sur-Changeon, des voix s’élèvent contre cette décision. Les défenseurs
de la nature mettent en cause les dégâts liés à cette disparition.

Abattage en série des 70 chênes

Les 70 chênes centenaires étaient sur la route départementale à Dourdain, entre Rennes et
Livré-sur-Changeon. Ils ont été abattus. Leur état avait été jugé trop dégradé pour rester en place. Cette
décision de la mairie a été présentée comme le fruit d’une validation faite par la commission
haies bocagères de la commune. Certains de ses membres disent ne pas avoir été consultés.
Des habitants se désolent aussi de cette solution draconienne.
L’association L’Arbre indispensable souhaite également réagir et pense à poursuivre la mairie
pour cet acte. Elle a été prévenue par un habitant, le jour du chantier, mais quand elle est
arrivée, elle n’a pu que filmer ces chênes déjà à terre

Hôtel à rapaces et insectes

La fameuse ragosse creuse abattue, et plus récemment tronçonnée. Elle hébergeait un petit
monde de biodiversité et aurait pu, une fois relevée, continuer de l’abriter

Jean-Yves Morel, son président, a voulu remettre debout une ragosse énorme, d’environ 4 m
de tour. « Cela sert d’hôtel à rapaces et insectes, avec probablement des espèces
protégées, comme le capricorne, la cétoine », précise le Bretillien. Mais en vain, car la
ragosse a été tronçonnée
« Cet abattage n’a pas été déclaré dans les règles. Les intéressés profitent d’une faille
juridique au niveau des dénominations entre alignement d’arbres au lieu de haies. » Il
tient à préciser que c’est un terrain privé, pas un terrain agricole.
« On ne peut pas connaître toutes les réglementations. C’est très compliqué pour les élus
et on le comprend, mais on ne peut pas non plus faire n’importe quoi », s’indigne JeanYves Morel. Parmi ces arbres, il signale deux alisiers torminal. « Une espèce rare et de
croissance lente qui peut monter à 7 500 € le m3
. »
L’association L’Arbre indispensable juge sévèrement l’abattage. « L’opération n’a qu’une
visée de rentabilité. Elle s’apparente à une coupe blanche de milieu forestier qui n’a pas
de sens sur des haies bocagères. Ces travaux ne sont pas compatibles avec une gestion
durable du bocage. »
Il conteste aussi un reboisement général où le chêne pédonculé est remplacé par le chêne
sessile. « Il ne se justifie pas ici en zone humide et déstabilisera le synchronisme
saisonnier de l’écosystème actuel », avance le passionné.

Deux chênes plantés pour un abattu

Bernard Chatel, un habitant, est très remonté. « Ces chênes n’étaient pas dégradés »,
s’enflamme-t-il. Il s’inquiète de ce précédent à l’heure où l’environnement est au centre des
préoccupations. Dourdain a prévu de planter deux jeunes chênes pour un abattu, mais cela ne
le rassure pas. « Le bocage est en danger et hypothèque le legs à nos enfants. »
L’Arbre indispensable a alerté les services de l’État et prépare le dépôt d’une plainte.
La mairie, sollicitée depuis deux semaines par Ouest-France, n’a pas répondu
.

Ouest France janvier 2021

Les faits ne sont pas meilleurs à la Mézières-sur-Couesnon. Ici c’est le témoignage de notre président, Jean-Yves Morel qui vient illustrer ce dossier:

Massacre sur ragosses creuses de châtaignier, habitats d’une avifaune importante

J’ai pu rencontrer le Maire de La Mézières sur Couesnon après un signalement de travaux effectués par un exploitant agricole qui nous posent problème

Des travaux encore plus conséquents que ceux constatés sur le même secteur (la commune de Dourdain). Je voulais aller voir sur place avant le rendez-vous, mais cela aurait changé la nature de l’échange.

Ce site était prévu à l’origine pour recevoir un enfouissement de déchets qui heureusement à été annulé. Le site était la propriété du Conseil Général 35. Les renseignements recueillis auprès du Maire nous ont appris que la commune de la Mézières sur Couesnon à demandé à récupérer le site pour lui redonner une vocation agricole. « Un vieux projet » selon le maire, qui laisse à penser qu’il n’y avait pas d’autorisation de travaux, puisque que le maire se décharge sur l’agriculteur.

On ne peut que regretter, vu la grande dégradation de la ressource en eau en qualité et quantité sur ce bassin versant eau potable, que ni le Maire de la commune ni le le Conseil Général 35 n’ont  pensé que ce site d’une dizaine d’hectares (réparti sur deux endroits à proximité) pouvait  être réservé à l’installation d’un jeune en agriculture biologique. Ou bien, à minima, acquérir la partie basse pour protéger la ressource en eau, voir laisser le site en zone naturelle qui manifestement avait bien évolué en régénération spontanée vu le tas de bois destiné à la filière bois énergie.

Ainsi on peut fermer les yeux sur des travaux portant atteinte à la qualité de l’eau et être  favorable à l’installation à  Liffré d’une usine Bridor aux besoins considérables en eau de qualité  (100 000 m3).

Ces travaux forestiers en zone agricole portent une importante destruction de la biodiversité car Il reste encore sur le terrain la preuve d’habitats d’une avifaune importante, avec pour preuves ces énormes  ragosses creuses de châtaigniers coupées en rondelles , massacre délibéré encore plus drastique qu’à Dourdain, avec éradication d’un petit bois .

Pour donner une idée du massacre; la présence de tas d’arbres sur  80 m de long, 4m de hauteur et au minimum de 8m de large destiné au broyage pour la chaufferie de Rennes

La partie basses est une zone humide  avec des sols hydromorphes caractérisés (preuve d’une destruction d’une zone humide), un large fossé a été creusé pour recevoir les drains à la place d’un chevelu ou petit cours d’eau.

Il devait y avoir du bois d’œuvre sur les talus car en dessous il reste encore de très beaux spécimens.

Un fossé profond indique  un passage d’eau important , le ruisseau est remplacé par un collecteur de drains qui  va contribuer lui aussi à accroitre les dysfonctionnements des transferts d’eau sur les retours de crues et baisse des débits d’étiages du Couesnon (du petit cours d’eau jusqu’à l’estuaire) et ainsi contribuer à la perturbation des écosystèmes marins.

JY Morel

Ruisseau devenu collecteur de drains
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